En tant que magicienne des temps modernes, j’accorde une place toute particulière à l’illusion lors de mes représentations. Souvent malmenée et traitée de ringarde, la magie a su se réinventer et s’adapter à son époque grâce à l’art du close-up. Et c’est justement ce que j’essaie de transmettre à mon public chaque soir.
Abracadabra !
Aujourd’hui, nous sommes de plus en plus à pratiquer l’illusionnisme et le close-up, et dans mon domaine, la cartomagie, c’est même essentiel. Cet art consiste à se rapprocher un maximum du public jusqu’à négliger complétement la scène. Les spectateurs deviennent alors acteurs et sont constamment sollicités par le magicien. Je pense que c’est ce que je préfère dans la magie, faire communion avec le public, sans intermédiaire. Comme il est différent chaque soir, chaque spectacle est aussi unique. Je ne m’ennuie jamais et je me renouvelle en permanence. Oui, je fais les mêmes tours, mais dans cette configuration, ce ne sont pas eux qui sont au coeur du spectacle, c’est le public qui fait le show. De table en table, j’amuse, j’étonne, j’intrigue, je divertie, et le public me le rend bien puisqu’il me procure les mêmes émotions. J’aime ce moment, quand je suis à quelques centimètres à peine du public et que d’un coup, je vois les yeux briller. Oubliez les lumières, les sons, les artifices… Tel est l’art de l’illusion.
Cartomagicienne, qu’est-ce que c’est ?
Le mot semble un peu barbare, mais dedans, tout est dit. Je fais de la magie principalement avec des cartes, et si je m’accessoirise de temps à autre de ficelles ou objets pour pimenter mes tours, c’est bien avec les cartes que je préfère jouer. Et s’il m’arrive parfois de dérober les bagues des dames ou les montres des messieurs, c’est que j’ai plus d’une carte dans ma poche. Car c’est bien en leur présence que je me sens le plus à l’aise. J’aime les voir défier la gravité, les transformer, les faire disparaitre ou apparaitre de nulle part, les faire entrer en lévitation ; tout simplement, les mettre au service de mon art, de ma passion.
Cette performance est le résultat d’un travail acharné, car à la seconde où l’illusion est perçue par un spectateur, toute la magie s’efface. J’exerce les manipulations pendant des heures et tous les jours, sans exception afin de maîtriser parfaitement la méthode. Pour ce faire, j’ai toujours mes cartes avec moi et je ne manque pas une occasion de m’entrainer (pour ça, les files d’attente sont mes meilleures alliées). J’utilise à bon escient les cours de théâtre, qui m’ont appris à détourner l’attention, et surtout, même si je ne le montre pas, je fais preuve d’une concentration digne d’un sportif de haut niveau. Mon objectif : qu’à la fin du tour, personne n’est compris la magie.